Informations pratiques:
Vernissage: samedi 23/01: 16h-20h sans rendez-vous;
Exposition du 24/01 au 28/02/201;
Ouvert sans rendez-vous de 14h à 18h tous les samedis: 30/01 et 6, 13, 20, 27/02
(Règles Covid en vigueur appliquées).
Il y a quelques années, je découvrais le travail de Anne De Gelas. Depuis, nous nous sommes rencontrés régulièrement pour en discuter, à chaque fois devant des dessins, des photos, des textes, des livres. Son œuvre est constituée de tout cela, séparément ou assemblé à la manière d’un peintre ou d’un collagiste. Ses livres sont une manière particulière de montrer le travail : travail de la composition, de l’assemblage, de la page et de la double page, du « petit » dépassement sur l’autre page, du blanc. Un mélange de mots, de dessins et d’images devenu inséparables et mouvants.
Il y a aussi les carnets originaux contenant des textes, des dessins, des collages, des découpages.
Tout cela de manière continue, comme un fil de la vie que l’on déroule en même temps que l’on avance soi-même. Tout n’est pas contrôlé, des choses arrivent comme dans la vie. Des étapes sont franchies, la mort, la solitude, un fils, la jeunesse, la maladie, vieillir, cette année 2020 si particulière… Le temps passe de manière spirituelle et tactile. La recherche est permanente, personnelle. Rien n’est figé. Mais les événements de la vie vécue sont toujours là.
Et puis, comme un pas de côté, il y eut ce confinement. Un événement qui a touché tout le monde, collectivement et individuellement. Pendant et depuis le premier confinement de mars 2020, Anne a réalisé des « dessins », toujours dans ses carnets. Mais ce sont des dessins un peu différents de précédemment. Il émane d’eux une douceur mais aussi quelque chose du suspend, une attente, une inquiétude. On touche encore au corps, à l’être mais différemment. Le regard, toujours aussi sensible, semble embrasser quelque chose de plus large. L’événement est moins directement personnel, plus universel. L’inquiétude y est toujours présente mais peut-être d’une manière plus indirecte. De l’ordre de la menace, pas seulement liée directement au virus qui mène au confinement mais une menace plus diffuse, une sensation d’être menacée, en tant que femme.
Anne De Gelas: « En regardant mes dessins on avait aussi parlé de violence, j’utiliserais bien le mot menace mais cette menace n’était pas seulement liée au corona. L’isolement et la distance ont joués un rôle très important. Disons que la situation m’a permis un certain recul et que ce virus a focalisé cette sensation d’être menacée. De ce point de vue les dessins parlent toujours de manière claire de la femme, de sa place. Je ne sais pas si c’est utile d’en parler, mais c’est très présent lorsque je travaille ».
Comment partager cela au-delà de l’intimité du livre? Comment montrer beaucoup et peu à la fois, continuer le voyage que permet le livre ?
Des photos, nouvelles et anciennes, sont à associer aux carnets, aux découpages, aux dessins par un choix volontaire, un regard. L’envie que la voix soit présente aussi, que le texte apparaisse autrement.
Certains événements de notre vie nous poussent à réagir, chacun à notre manière. Certains événements sont très personnels nous affectant nous et nos proches , d’autres affectent plus de monde, mais dans tous les cas Anne nous permet d’aller quelque part en prenant cas de chacun de nous.
crédits photos et dessins: Anne De Gelas /// texte: L’Art Même 83, Sandra Caltagirone.