Aurelia Declercq & Pierre Relano

Suite pour cordes et archipel, une installation-performance-concert pour violon, violoncelle et voix, créée par Aurélia Declercq et Pierre Relaño, interprétée par Clara Levy, Dorelle Sluchin et Makeda Monnet (détails ci-dessous).

Sur réservation uniquement, limité à 2 * 20 places:

  • Samedi 16 octobre à 20h et 
  • Dimanche 17 octobre à 16h.

Durée de 25 minutes, suivi d’un drink informel de partage.

Gratuit, sur réservation: info@ete78.com

Nous vous convions à une expérience particulière, une création mêlant écriture, musique, installation plastique, texte.

Pour en savoir plus, les auteurs ont rédigé ceci:

“Pour poursuivre ta marche, tu as besoin d’un nom qui remplacera mémoire, dans ce cas tu m’appelles aisément longue nuit. Je préfère plutôt dire que j’étais dans les environs lorsque presque muette dans le granit j’ai fini par m’étendre en maison, avec une dernière avec une unique avec une parole, un temps ancien paraît un temps présent”.

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Suite pour cordes et archipel est une dramaturgie musicale de chambre – pour violon, violoncelle et déclamation. La naissance de cette pièce provient d’un questionnement quant à la possibilité d’un isthme entre musique et langage, dont la réalisation incarne un scénario abstrait commun. Ce dernier est à entendre ici comme une structure chronologique d’événements et d’états liant ces deux formes d’écriture, mais projetée librement dans leur matérialité propre, sans que l’une ne se subordonne à l’autre.

La structure temporelle de l’œuvre est suggérée par le titre – il s’agit d’une suite, qui compte trois mouvements (I. Affilato e tumultuoso – II. Agitato come un ricordo – III. Rovinato misterioso). En hommage à la tradition des suites, dont les divers mouvements étaient originellement composés dans une tonalité commune, chacun de ces trois mouvements s’applique à épuiser le parcours d’une même cartographie fréquentielle réalisée à partir de deux transformations de timbre enregistrées au violoncelle. Une multiplicité de points de vue sur ces objets est produite afin d’élaborer une logique d’écriture où les attributs de ces deux modèles acoustiques participent autant à l’induction d’une forme harmonique générale et commune à chaque mouvement, qu’à définir la conduite des gestes et des processus de transformations internes des matériaux de chaque section.

Ces deux morphismes délimitent un plan. Le premier – longitudinal à la corde – est un filtrage fréquentiel produit par l’ascension de la position de l’archet durant la friction de la quatrième corde du violoncelle sur un la. Le second – orthogonal à la corde – est une trajectoire du bruit vers l’harmonicité induite par la détente d’un écrasement de l’archet sur cette même note. La recomposition dans un duo pour violon et violoncelle de ces deux décompositions harmoniques de cordes agit comme mémoire créatrice de la signature timbrale de ces instruments en eux-mêmes. Ainsi, la partie instrumentale s’envisage comme un mouvement circulaire et continu entre l’abstraction d’un geste et sa physicalité.

Musique et dramaturgie œuvrant à une même forme, le texte est déclamé en trois actes. Ce dernier s’appuie sur une anecdote antique relatant l’oubli de l’emplacement du mémorial d’un géomètre. Malgré l’égarement de sa localité, l’existence de cette stèle survécut grâce l’oralité des habitants de l’île où elle fut érigée, pour qu’enfin plusieurs générations au devant, ce récit impulse la marche solaire d’un inconnu vers elle. La disparition du géomètre contredit son apparente fatalité puisqu’elle dynamise activement celui qui lui persiste et crée, à la lettre, désirs et trajectoires nouvelles. Espace clos au ciel dégagé, la soliloquie de cette île se poursuit jusqu’à nous par une oralité sauve où les réminiscences diffuses du langage révérencent le granit. Matière rigide et temps passé deviennent marche et poussée vitale quand la pierre même, personnifiée, s’incarne dans la parole adressée d’un temps présent.

Conjointe à la teneur de cette temporalité en archipel, la mise en espace de la pièce procède en trois entités où chaque source sonore est associée à un mode d’étendue singulier corroborant sa poétique dans l’œuvre : élévation (violon), assise (violoncelle) et drapé (déclamation) .

La possibilité d’une musique coprésentielle au langage relève sûrement d’élans périodiques dans l’expérience humaine. Pour peu que l’on s’attarde à examiner ce qu’il y a de commun à leur rencontre, on trouvera une instabilité croissante et affirmative ; on verra la nécessité d’agir dans la nuit comme s’il s’agissait d’un plein jour, on percevra enfin l’espérance de faire perdurer un péril dans l’expression sans en atténuer son lyrisme, de se proposer d’y installer un départ sans assurance finale du sens.

Crédits

  • Composition musicale, scénographie : Pierre Relaño
  • Texte, scénographie: Aurélia Declercq
  • Violon : Clara Levy
  • Violoncelle : Dorelle Sluchin
  • Déclamation : Makeda Monnet
  • Création joaillerie : Johanna Badjan de Junnemann (Nicchia Jewellery)
  • CAO chaise : Brice Tessier (sur un dessin de Pierre Relaño)
  • Habillage chaise: Françoise Mascarade
  • Robe : Marie-Odile Lavendhomme (sur un dessin de Aurélia Declercq)
  • Date de création : 16 octobre 2021
  • Durée : environ 25 minutes
  • Coproduction : Été 78

Biographies

Aurélia Declercq (1993) est née à Bruxelles et vit à Paris. Après un diplôme en psychologie clinique et des recherches sur la fonction du néologisme dans les processus langagiers dits psychotiques à l’Université Libre de Bruxelles, elle rejoint l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris afin de poursuivre ses réflexions sur la matérialité du langage. RIKIKI, son premier livre, est publié en 2021 aux Éditions de l’Attente avec une préface de Pierre Alferi et suit une série de publications de textes théoriques (Flux News, le Point Contemporain, Université Libre de Bruxelles) ainsi que poétiques (11 Mars 1978 Serendipity, DO IT, revue Dissonances, A) GLIMPSE) OF) Issue). 

Pierre Relaño (1991) est né dans le sud-ouest de la France et réside aujourd’hui principalement à Tbilissi (Géorgie). Après un cursus d’ingénieur en intelligence artificielle et traitement du signal à l’Institut National Polytechnique de Bordeaux, il poursuit des études plus théoriques en mathématique et physique à l’École Normale Supérieure de Lyon. Il intègre par la suite le projet SMIR (Structural Music Information Research), focalisé sur les alliages musique/mathématique et hébergé entre l’IRCAM (Centre Pompidou, Paris) et l’IRMA (Institut de Recherche Mathématique Avancée, Strasbourg) durant lequel il publie des travaux sur l’algèbre des systèmes harmoniques. En tant que compositeur, d’abord intéressé par la synthèse et l’approche générative des musiques algorithmiques, ses pièces sont jouées à ICAS (CTM Festival), Les Instants Chavirés, Les Siestes Électroniques, Nuits Sonores, RIAM, Biennale Némo – ARCADI ou encore Le Centquatre. Il se tourne ensuite progressivement vers la composition instrumentale, dans laquelle son approche formalisée et ses recherches harmoniques trouvent un espace d’écriture plus ouvert.

 

image: Aurélia Declercq et Pierre Relaño.

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