Pendant 5 semaines nous accueillons une installation réalisée spécialement pour l’espace par Laurette Atrux-Tallau. Une installation spatiale s’étirant sur toute la longueur de l’espace, une traversée de la rue au jardin, attirante et périlleuse à la fois. Une occupation totale de l’espace nous permettant de percevoir celui-ci avec un regard nouveau, inquiet ou pas.
C’est en 2003 que nous avons rencontré pour la première fois le travail de Laurette Atrux-Tallau. Elle exposait à la galerie Porte 11, tenue par Christophe Veys, et nous avions été particulièrement marqués par son installation organique montrée au sous-sol. L’image de cette sculpture, tel un être vivant, attirant et repoussant à la fois, tapis dans le ventre de la galerie, est restée gravée dans notre mémoire et a dû influencer notre invitation à exposer à l’Eté 78. Elle a développé ce travail de sculpture depuis lors, en occupant avec précision et justesse différents espaces, notamment en 2010 à l’invitation du FRAC Languedoc-Roussillon ou en 2013 lors d’une exposition dans des chapelles en Bretagne.
Nous lui avons demandé de réaliser une exposition dédiée à notre lieu afin de confronter son travail à l’Eté 78. Sa proposition, longuement mûrie, est nourrie par l’architecture et la fonction de l’espace. Cependant, à l’heure d’écrire ces lignes, le projet n’existe que sur papier, en maquette et au travers de matériaux à assembler. Ceux-ci, inertes pour le moment, donnent l’impression de vouloir éclore, vivre et se développer dans l’espace, du sol au plafond, de manière autonome. L’assemblage, la fixation, « donner vie » sont des gestes cruciaux dans le travail de Laurette Atrux-Tallau.
Nous espérons pouvoir provoquer, au travers de cette confrontation à quatre – artiste, œuvre organique, espace d’art, spectateur- un sentiment d’étonnement et d’attention soutenue. Eprouver une tension basée sur la perception visuelle et physique. L’artiste, l’œuvre, l’espace et le spectateur sont indissociables, ils ont besoin l’un de l’autre. Le fil qui les relie est alimenté par ces sentiments éprouvés, constitués d’attraction, de répulsion, de menace, de curiosité, d’apprivoisement, d’aller-retours, de questionnement, de réflexion.
A propos du cheminement de cette exposition, Laurette Atrux-Tallau a écrit :
Lorsqu’Olivier m’a invitée à faire une exposition à l’Été 78, et que j’ai visité l’espace pour la première fois, il y a presque deux ans, les travaux n’étaient pas encore terminés. Le jardin était jonché de déblais, et aucune exposition n’avait encore eu lieu.
J’ai le souvenir qu’Olivier m’avait fait part de son envie que les artistes fassent des propositions qui interrogent l’espace, mais qu’il leur laissait carte blanche. Je pense qu’à ce moment-là, il avait déjà imaginé que je pourrais faire une installation, même si l’idée n’était pas clairement exprimée. Il m’a d’ailleurs reparlé, il y a quelque temps, d’une installation que j’avais réalisée dans le sous-sol de galerie Porte 11 à Bruxelles, en 2003, et qui l’avait impressionnée.
Réaliser une installation dans cet espace n’est pas du tout la première idée qui me soit venue à l’esprit! En fait, j’ai toujours eu plus de difficultés à déployer des installations dans des « cubes blancs ». Celles que je considère plus réussies ont été réalisées dans des lieux biscornus, hétéroclites, et parfois même ingrats. C’est d’ailleurs, en cherchant à investir et à obstruer l’espace d’un petit couloir, à la galerie Interface à Dijon, en 2002, que j’ai commencé à concevoir ce type d’installations. Les modules qui se déploient dans l’espace me permettent de m’adapter à tous les types de lieux, mais la complexité de l’architecture peut créer des tensions et générer des possibilités formelles plus intéressantes à mes yeux.
Depuis deux ans, j’ai vu la plupart des expositions présentées à l’Été 78, et j’ai élaboré moi-même une dizaine de propositions différentes! J’ai imaginé créer un meuble pour y installer des sculptures dans des petites niches; réaliser un dessin mural; concevoir un papier peint pour recouvrir tous les murs; construire de faux murs en bois pour réaliser un dessin perforé ; créer un paravent avec de grands dessins sur bois ; faire un cabinet de curiosités; j’ai même imaginé transformer l’espace en aménageant un salon pour Olivier et Nicole, afin d’y accrocher des œuvres, notamment celles d’autres artistes, et cetera, et cetera.
Après avoir divagué pas mal de temps, le temps a fini par me rattraper, et rien n’était convaincant, ni abouti ! Régulièrement Olivier me demandait où en était mon projet. Nous avons alors convenu d’une date où je devrais lui faire une proposition concrète. Ça tombait bien, il a fallu que je fasse le bilan de dix-huit mois de tergiversations !
J’ai donc décidé, comme je le fais pour beaucoup de projets, de travailler à partir d’une maquette du lieu. Une étudiante de ARTS² à Mons, Caroline Overland, qui avait travaillé sur la mise en espace de la première exposition, « Trois collectionneurs, autrement », m’a gentiment donné une maquette de l’espace.
J’ai donc commencé à travailler à l’échelle 1/25ème, et à manipuler des éléments miniaturisés. Très rapidement au contact de la maquette, les impressions que j’avais eues lors de ma première visite, sont revenues. Je me suis alors attachée à l’aspect longiligne de l’espace, à la relation entre l’intérieur et l’extérieur, du côté du jardin. Après deux jours de travail sur la maquette, le projet de l’installation tel qu’il se présente ici était esquissé : des modules envahiraient l’espace, et glisseraient de l’extérieur vers l’intérieur.
Il a fallu encore quelques semaines de maturation pour simplifier la proposition, et supprimer les idées d’accrochages superflues. Olivier ayant exprimé le souhait d’un accrochage « ailleurs ». Au moment où j’écris, je ne sais toujours pas si je vais exposer quelque chose dans le sas du petit endroit!
Un grand merci à Amandine, Caroline, Christophe, Mara, Nicolas, Nicole et Olivier
Laurette Atrux-Tallu est française de passeport et Bruxelloise de cœur. Elle utilise fréquemment, dans son travail, le dessin, la photographie, la sculpture à petite ou grande échelle. Récemment, elle a exposé notamment à Marseille, Bruxelles, Nice, Mons… Plus d’informations sur www.laurette-atrux-tallau.com.
Informations pratiques: ! heures inhabituelles:
– Vernissage le samedi 20 février de 16h à 20h, ouvert à tous sans rendez-vous;
– Du 20 février au 27 mars: visites sur rdv via : info@ete78.com