Lea Mayer et Barbara Geraci

Entre-Deux, La Nécessité Du Blanc

Exposition du 12/06 au 10/07

Vernissage le samedi 11/06 de 16h à 20h sans rendez-vous.

Visite sans rendez-vous en présence des artistes les samedi 18/06 et 09/07 de 14h à 18h.

Toute autre date, visite sur rendez-vous: mailto:info@ete78.com

 

Il y a plus d’un an et demi, à leur initiative, Barbara Geraci et Léa Mayer sont venues à l’Eté 78 pour nous parler d’un projet que nous pourrions réaliser ensemble. Une proposition commune, spécifique, déjà pensée et articulée. Une proposition à développer, à creuser, à construire pendant 18 mois pour aboutir aujourd’hui à cette exposition en duo.

Chacune possède sa propre pratique et travaille habituellement individuellement. Elles se sont rencontrées lors de cours donnés à Arts2 à Mons et, de leur rencontre, est née l’envie de mener un projet ensemble. Un projet qui mêle travaux individuels et un travail commun sous le thème unificateur de l’ellipse, du blanc, du fragment, du vide à combler.

Leurs pratiques plastiques individuelles sont très différentes mais toutes les deux sont des observatrices de notre environnement, toutes les deux nous montrent une ou des réalités à voir autrement, des faits, des objets, des textures, des sensations à percevoir. Elles attirent notre attention sur ce que nous n’avons pas vu, pas perçu. Elles ont également en commun un rapport particulier au mot, au langage, au récit et au temps.

Leurs travaux, leurs recherches, leurs thématiques propres, leurs points communs nous ont séduits pour créer ce projet particulier. Particulier parce qu’il convoque un duo formé pour l’occasion. Particulier aussi parce qu’il est l’aboutissement (ou le premier pas ?) d’un recherche menée à deux et séparément, menée avec nous également lors de nombreux échanges et réflexions. Particulier également de par les différents niveaux de lecture, références, concepts et formes convoqués. Particulier enfin de par le rôle important demandé au regardeur qui devra combler les blancs, les manques créés par la fragmentation des œuvres mais aussi par la fragmentation de leur présentation dans l’espace, jardin y compris.

L’ellipse est un procédé stylistique utilisé en littérature, cinéma et photographie. Il indique un vide que le spectateur est amené à combler individuellement. Un espace d’interprétation est créé. Ce blanc, ce vide, ce non-dit peut nous permettre de partir sur un chemin nouveau à inventer. Une part de rêve est à créer, notre imagination nous permet de remplir individuellement les trous à notre manière et nous ouvre de nouvelles voies. Le rapport au temps est important dans ce processus. Le temps étiré nous permet de percevoir ce que nous croyons avoir vu et compris, notre attention est convoquée pour voir autrement la réalité. Le zoom lent devient introspectif, crée une tension née de l’attention extrême portée à l’image, aux couleurs, à la texture, à la découverte pas à pas.

Prendre le temps de regarder les travaux de Barbara et Léa est la clé pour vivre cet « Entre-deux, La nécessité du blanc », ce moment fragile où toute découverte est possible, où des fragments deviennent révélateurs d’autres possibles. Dans d’autres cultures, le blanc est aussi important que le rempli. Il devient le réceptacle de la pensée, d’un langage à articuler et de nouveaux possibles.

L’exposition présente des travaux individuels produits pour l’occasion. Ils sont dans la continuité des travaux développés par les deux artistes. Une œuvre commune, réalisée pour ce projet, est également à découvrir ainsi qu’une édition de 500 à emporter. Celle-ci demande un rôle actif du visiteur.

Ce fut pour nous un moment particulièrement important de découvrir la pièce réalisée ensemble, à quatre mains : une photographie prise il y a un an par Barbara Geraci, décrite, sans l’avoir revue, par e-mail, à Léa en avril et dessinée par celle-ci sur base de cette description. Enfin, la mise en parallèle de ces deux images. Tout est là : le langage, la perception, la mémoire, l’imagination, les images, les manques à combler… Comment les mots se relient-ils aux images ? Un mot entraine-t-il une image stéréotypée, préconstruite culturellement ? De nouvelles voies s’offrent à nous, regardeur attentif.

Un extrait de la note d’intention de Barbara et Léa éclaire leur proposition : «le procédé de l’ellipse peut également évoquer l’absence ressentie au cœur du phénomène de contemplation, là où nous sommes absorbés par la chose que nous regardons (et qui nous regarde) avec une attention extrême ».

A nous, découvreurs attentifs de rassembler ces fragments pour en retirer quelque chose de personnel. Comment présenter une image ? Comment la lire ? Qu’y voir? Comment la comprendre ? Qu’en retirer en surface et en profondeur ? Quel sens lui attribuer ?

 

Barbara Geraci, née en 1982, est belge et vit à Bruxelles. Elle est diplômée de l’atelier peinture d’ARTS2 à Mons et a obtenu un Master en arts du spectacle vivant à l’ULB en 2007. Elle a pu présenter son travail dans différents espaces comme la Médiatine, l’Iselp, Hangar 18.… Elle développe un travail de photographie, de vidéo, de dessin et de peinture à partir de l’exploration d’espace inoccupés. Elle s’intéresse à la mémoire des lieux et aux gestes du quotidien qu’elle explore dans le domaine de la danse notamment. Son travail est poétique, fragmenté et temporel. Elle porte une attention extrême aux petites choses.

 

Léa Mayer, née en 1987 est française et vit et travaille à Bruxelles. Diplômée en dessin de l’ENSAV La Cambre en 2012, elle est lauréate de la Fondation du Carrefour des Arts, 2012 et du Prix Découverte de Rouge-Cloître, 2013. Elle a exposé notamment à BOZAR, à La Maison Particulière, à la Galerie Francis Carrette, au Centre d’art Rouge-Cloître,à l’ Iselp…. Son travail explore les relations complexes tissées entre les gens et les images : ce que nous voyons, ce que nous pensons, ce que nous voulons bien croire. Comment  nous projetons nous dans les images? Ces questions sont abordées à l’appui d’une pratique à la fois rigoureuse et intuitive du dessin.  Plus d’informations sur www.leamayer.net.

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