“Après l’ordinaire”
Informations pratiques:
-Vernissage: jeudi 17/11/2022 de 18h à 21h;
-Exposition du 18/11 au 17/12/2022;
-Ouvert sans rdv: tous les samedis de 14h à 18h (19, 26/11, 3, 10 et 17/12);
-Ouvert sur rdv pour les groupes.
Comme nous l’avons déjà proposé plusieurs fois par le passé, nous avons invité une galerie étrangère que nous apprécions à investir l’Eté 78 avec un solo show. Pour cette édition, nous avons travaillé avec la galerie parisienne Anne-Sarah Benichou (www.annesarahbenichou.com) qui défend des artistes comme Marion Baruch, Valérie Mrejen, Laurent Montaron,… Notre choix commun s’est porté sur l’artiste Massinissa Selmani qui, bien qu’ayant participé notamment à la biennale de Venise, n’a jamais été montré à Bruxelles. Son formidable travail de dessin et de sculpture est d’une actualité brûlante et est à découvrir.
La présentation de son travail par la galerie:
“Dans l’esthétique de Massinissa Selmani, la gravité des sujets est portée par les moyens les plus simples, empreints d’une étrange légèreté, comme d’une menace latente insaisissable. Son approche expérimentale du dessin consiste à composer des séquences, ou fenêtres, à partir d’éléments isolés révélant des contradictions et des situations impossibles, qu’il met en scène à travers le dessin, le collage, l’installation, l’animation ou la sculpture. L’artiste aime rassembler des fragments pour créer des espaces hors du temps, loin de toute réalité physique ou pratique, emplie d’humour et d’absurdité. Si ces scènes sont volontairement en décalage, sans référence contextuelle, c’est pour mieux traiter de la réalité, et lui redonner une identité propre.
Massinissa Selmani aborde dans ses œuvres, le caractère étrange et insondé des choses qui l’entourent. Par-là, il donne aussi des indices sur sa manière de se tenir à distance de l’actualité, tout en étant ancré dans les enjeux géopolitiques et sociaux de son époque. Il isole certains événements marquants pour mieux en révéler la signification et les soustraire à l’emprise du temps. Son travail s’organise à partir d’une sélection d’images issues de la presse, ou plus récemment tirées de son propre imaginaire ancré dans le réel. En se concentrant sur les détails, il recompose le tout dans une économie des formes au cœur de son esthétique. Le détail joue un rôle matriciel renvoyant à un tout plus vaste chargé de multiples connotations. Ces fragments, parfois minuscules, semblent contenir tout un monde, latent et en sursis. Cette puissance d’évocation tient à son pouvoir de condensation : souvenir personnel et référence historique, futur et passé, émerveillement et pressentiment de la catastrophe sont étroitement mêlés. En s’appuyant sur ces détails, il ouvre une brèche temporelle, qui échappe aux contraintes chronologiques de la narration. Il s’attache au situationnel, plutôt qu’à la situation.
Massinissa Selmani peut ainsi échapper à l’emprise du temps en organisant ses compositions autour de détails récurrents qui sont autant de motifs structurants. De cette manière, il conçoit ses œuvres comme un flux, où chaque œuvre est reliée aux autres par cette iconographie commune. On retrouve des architectures impossibles, des frontières et des lignes, ou encore des arbres ou animaux qui laissent autant d’indices sur l’absurdité du monde. Revendiquant son attachement aux surréalistes Belges, dont Paul Nougé en particulier, il conçoit ses œuvres comme un répertoire poétique, mêlant des réflexions sur le contrôle et l’exclusion, la distance et la proximité, la liberté et la violence.
Récemment, l’artiste a investi la sculpture. Trouvant sa continuité dans sa pratique d’installation, il propose des sculptures héritées de cette même iconographie et propose de faire sortir son dessin du papier. De cette manière, il amène l’absurde plus directement dans la salle d’exposition, et confronte le regardeur à prendre part à ces recompositions du réel. L’espace devient un tout ; l’architecture du lieu une situation.
Le potentiel fictionnel qui en résulte, est volontairement construit autour de postures ou d’éléments familiers qui échappent à la possibilité de les situer ou de les dater. Il laisse à son tour le regardeur libre de reconstituer sa propre interprétation, et tend à rendre ces situations éternelles. Les œuvres de Massinissa Selmani équilibrent ce qui est montré et ce qui ne l’est pas, ce qui est dessiné et le hors-champ suggéré. Cet équilibre se retrouve autour des lignes qu’il dessine, comme dans L’aube insondable #6, ou dans La place et le lieu, et fait écho à l’ensemble de son travail autour de la tension entre tragique et comique. Ce faisant, Massinissa Selmani désamorce la violence pour mieux laisser sourde l’absurdité, et construit un œuvre poétique et politique”.
Images: copyright Massinissa Selmani