MELANIE BERGER

Informations pratiques :

Exposition du 11/06 au 25/06/2017 :

Samedi 10/06 de 16h à 20h : vernissage, ouvert sans rendez-vous ;

Samedi 17/06 de 14h à 18h : ouvert sans rendez-vous ;

Samedi 24/06 de 14h à 18h : ouvert sans rendez-vous ;

En dehors de ces horaires : sur rendez-vous : info@ete78.com.

 

« Ce n’est pas le volume que je cherche dans les dessins, mais cette jonction, cet infra-mince entre dureté et relâchement ».

 

Mélanie Berger est française, elle est née en 1979, et vit à Bruxelles. Elle travaille actuellement presque exclusivement sur des recherches liées au dessin, au papier, à la manière de les présenter au « regardeur » dans un environnement spécifique. La surface, ce qui s’y cache et y apparait sont au cœur de son travail. Son studio se trouve chez Greylight Projects.

 

Vous connaissez peut-être ce lieu à Bruxelles, en face du Botanique : Greylight Projects. L’ancien presbytère de l’église du Gésu accueille depuis quelques temps déjà des ateliers d’artistes et organise plusieurs évènements par an. C’est là que nous avons pu découvrir et côtoyer le travail de Mélanie Berger.

Son travail de dessin nous impose de prendre conscience du temps et de l’espace. De multiples manières.

Prendre le temps d’accéder à son studio. Il se trouve tout en haut d’un vieil escalier, longeant des murs et couloirs marqués par la vie passée et actuelle. Chaque marche franchie réveille notre imagination par rapport au lieu et à son histoire.

Mais découvrir le travail de Mélanie, c’est avant tout inscrire le temps de notre regard dans les heures passées à réaliser ses dessins. Le temps de faire et le temps de regarder se répondent et se respectent.

Elle couvre et recouvre le papier, le sature, gomme, fait apparaitre et disparaitre des formes, des ombres dans un mouvement intense. On devine l’énergie physique et mentale déployée, les moments de calme et de violence face au papier. La surface est transformée en autre chose. Disparition et apparition se confrontent et coexistent.

Nous reprenons ici quelques notes fragmentées issues des carnets de travail de Mélanie: « Il y a la surface quotidienne. Puis cette percée, qui bat sourdement, tout en latence / Des instants. En répits / Me confronter à ce qui est. À la matière, au papier, à l’impossibilité de faire / Faire émerger de la lumière grise un halo / Être au plus proche de moi-même, entre effondrement et tenue vigoureuse du cap. Le repos se situe ailleurs, il est autre. Le repos dont je parle dans ces dessins n’est pas un repos. Pas un vrai, pas le doucereux qui n’a plus rien à montrer. Il est repos forcé, repos aveugle / La contrainte de faire, de créer une matière dans laquelle un semblant d’organisation émergerait / Il m’est nécessaire de créer un espace dans lequel se tisse un imprévu. Un espace d’histoire, une assise. »

Nous, regardeurs, sommes obligés de prendre le temps de découvrir le dessin. Nous y perdre, sans à-priori, pour y créer un réceptacle de projections personnelles : hasard, volonté, intuition, histoires personnelles s’y rencontrent comme un reflet de la vie. Rien d’immédiat. Le regard entre dans le dessin, pénètre les couches de matière, il voyage, s’arrête, revient et peut finalement sortir nourri de son voyage. Il est aussi de la volonté de l’artiste de laisser le hasard faire son œuvre. À priori, Mélanie ne nous laisse que peu de respiration, tant ses dessins sont saturés. Mais elle ne nous laisse pas sur le bord du chemin. Les couleurs, les formes, les formats sont accueillants et nous invitent à la lecture. Un peu comme si nous devions lire un livre dans une langue étrangère que nous connaissons déjà un peu. Nous ne verrons sans doute jamais tout, il faudra y revenir plusieurs fois et se perdre à nouveau. Mélanie nous donne l’impression qu’il se passe quelque chose derrière le dessin, entre le papier et le crayon, qui apparait et disparait. On croit le voir, l’attraper et déjà il part ailleurs.

Enfin, le temps de l’accrochage, plusieurs semaines, fait intégralement partie de l’œuvre présentée. Une recherche sur la mise en espace. Comme si le délicat équilibre entre lutte et repos devait du papier aux cloisons d’exposition. Nous citons à nouveau Mélanie : «Je me posais dernièrement cette question, en envisageant des dessins pour des socles. Des dessins courbés, recourbés pour- faussement- se poser dessus. Socle de rien, soutien de rien. Soutien ou propulseur ? Dans cet entre- deux. »

Le but de l’Eté 78 est de permettre à des artistes choisis de développer de nouveaux projets, de continuer leur recherche, d’essayer de nouvelles voies tout en s’exposant au regard du public. Ce temps du regard que nous pouvons exercer ici, librement, avec vigilance et repos.

 

 

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