Michel Lorand: Unself
Un projet spécifique autour de l’identité, du “je”, de la filiation et du collectif. Cinq pièces formant un tout, mêlant vidéo, son, impressions et sculpture, pour un parcours poétique, questionnant et introspectif.
Informations pratiques :
SUR RESERVATION, soirée unique: le mardi 13 décembre à 20h, Jean-Claude Encalado, philosophe et psychanalyste, nous entretiendra de “La Rose de Personne (Die Niemandrose)” de Paul Celan. Il mettra dès lors en perspective l’exposition elle-même.
25 places assises maximum: réservation sur mailto:info@ete78.com, pour les 25 premiers. Début de la soirée à 20h, durée 1h (gratuit) et drink offers ensuite pour continuer les discussions.
C’est en juin 2015 que nous avons rencontré pour la première fois Michel Lorand. Il était venu visiter l’exposition que nous avions organisée avec Mira Sanders et l’Iselp à l’Eté 78. Le temps de faire connaissance, d’apprécier nos échanges durant plusieurs rencontres, nous voilà 18 mois plus tard immergé au sein de sa proposition « Unself ».
Michel Lorand a conçu pour notre espace un parcours formé de cinq œuvres. Un cheminement fluide pour nous permettre de réfléchir à plusieurs sujets touchant à l’identité et sa représentation : l’identité individuelle et la filiation, l’identité chromosomique unique, l’identité multiple, l’identité collective, l’identité qui s’efface, l’identité perdue, l’identité transformée. Il s’agit aussi d’un cheminement temporel où, finalement, le début et la fin s’enchaînent à l’infini. Les images du cercle et du miroir nous viennent à l’esprit pour illustrer la manière dont les œuvres se répondent entre-elles, où la fin et le début se mélangent.
Chacun de nous vivra très différemment ce parcours libre. Michel Lorand ne nous prend pas par la main mais nous laisse à chacun le soin de vivre et d’être confronté à chaque pièce et à leur ensemble, armé de notre histoire personnelle et collective.
Les photographies de mer sont réalisées par Serge Verheylewegen, les prorcelaines par David Van Reeth.
Nous citons Michel Lorand parlant de son exposition : « Comme il y a un va-et-vient dans « Selfportraits », il y en a un aussi entre « Selfportraits » et « Psalm ». Il y a comme l’évoque Paul Celan « une route, une langue sans JE et sans Toi, rien que Lui, rien que ça ». Unself n’est rien d’autre qu’une tentative de dialogue, d’une mise à nu d’un vis-à-vis ou comme le nomme Celan dans son Méridien : « un lieu où la personne, dans le saisissement du moi – comme étranger à elle – se dégage. Dans cet essai de rencontre, il y a la responsabilité de rendre compte».
Le mot « Unself » ne se traduit pas ou très difficilement en français. Cependant, il apparait notamment en 1979 chez Samuel Beckett dans « Neither » où l’auteur évoque « self/unself, language/silence, light/darkness, life/death ».
Comme chez Samuel Beckett, comme chez Paul Celan, le «Personne » et le « non-soi » sont ici convoqués, en dehors de toute temporalité, pour nous permettre de questionner notre rapport à notre identité. Ce thème nous parait particulièrement important aujourd’hui. Notre société est marquée par un individualisme développé et, paradoxalement, aussi par le conformisme ou, pour le dire autrement, par une récupération systématique par les systèmes en place de toute initiative alternative réfléchie et articulée. Dès le début des années 80, Guy Debord mentionnait déjà, dans La Société du Spectacle, « l’effacement de la personnalité face au développement du tout à l’économie ».
Nous devons nous poser des questions sur nos préférences individuelles, sur notre identité.
Afin de donner un éclairage complémentaire à l’exposition et au poème de Paul Celan, nous avons organisé une soirée particulière le mardi 13 décembre à 20h. Jean-Claude Encalado, philosophe et psychanalyste, en présence de Michel Lorand, apportera sa contribution et son regard le temps d’une soirée et de discussions. Il y a maximum 25 places assises et une réservation est indispensable.
Michel Lorand (1961) vit et travaille à Bruxelles. Il a commencé son parcours artistique dans les années 1980 à travers le théâtre expérimental. Depuis la fin des années 1990, il crée surtout des installations et des films vidéo. A travers l’analyse du mouvement, son travail ce concentre essentiellement sur les notions de glissement, de dislocation, d’effacement, de disparition, d’absence. Le travail de Michel Lorand a été largement diffusé dans les festivals et manifestations internationales (Biennale de Venise), ainsi que dans les institutions comme le Museo Reina Sofia à Madrid, le Wiels ou ARGOS. Plus sur www.michellorand.net
On peut jusqu’au 18 décembre 2016 découvrir son exposition « Faux-semblant, l’illusion de la guerre juste » à la Cinematek.